Dans un post partagé sur son compte Instagram, le comédien libanais Nour Hajjar a révélé qu’il avait été convoqué pour interrogatoire au centre de police militaire à Rihanieh. Hajjar a légendé le post, “Je me demande de quoi il s’agira !”.
Bien sûr, Hajjar et tout le monde savaient immédiatement que cette convocation était liée à un segment de vidéo qu’il avait partagé sur son compte seulement le jour précédent. Dans la vidéo de l’une de ses performances à Awkword, Hajjar dit, “Avez-vous remarqué que tous les Toters [livreurs] sont du personnel de l’armée ?…Vous lui dites ‘rendez-moi 5’ et il tombe”.
Hajjar mettait en évidence le fait que depuis l’effondrement économique, de nombreux soldats de l’armée ont été contraints de prendre des emplois atypiques. La sévère dévaluation de la livre libanaise a laissé beaucoup de personnes avec des salaires aussi bas que 90 dollars par mois, et peu ou pas d’avantages.
La blague, bien que bien accueillie par certains, a suscité la réaction de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, y compris des personnalités médiatiques comme le mannequin Nadine Wilson Njeim qui avait beaucoup à dire sur le sujet.
@nadinewnjeim #الجيش_اللبناني ♬ Experience (Cover Ludovico Einaudi) – 北昼
D’autre part, d’autres personnalités comme le comédien Fouad Yammine ont partagé des points de vue en soutien à Nour et à nos libertés d’expression.
L’ironie est frappante : la plupart sont plus en colère à propos de la blague de Nour Hajjar sur la pauvreté des soldats que du véritable problème de leur sous-paiement, de leurs conditions de vie et du vol de leurs économies de toute une vie par une classe dirigeante corrompue.
Hajjar n’est pas le seul comédien à avoir eu des altercations avec l’État. Dans le passé, la comédienne Shaden Fakih avait été appelée à plusieurs reprises pour une série de raisons allant d’une blague qu’elle a faite sur une serviette hygiénique à ses critiques des politiciens libanais.
Malgré les opinions variées sur les libertés de parole et sur ce qui devrait ou ne devrait pas être l’objet de blagues, la vérité demeure que “les régimes qui favorisent la liberté d’expression favorisent également les politiques qui améliorent le bien-être subjectif des personnes qui disposent de moins de ressources”.