La plus longue rue de Beyrouth et l’un des plus beaux quartiers de la ville, la zone bien-aimée Gemmayze cache de nombreuses histoires et secrets. Découvrez-les dans un nouvel épisode de “La Mémoire Collective de Beyrouth“.
Aujourd’hui, je souhaite parler du quartier Al-Byara : Al-Byara, le pluriel de Abaar, était le nom de Gemmayze auparavant. Et bien sûr, Gemmayze a tiré son nom des arbres jemmayz (sycomore) qui remplissaient la région, et en particulier un très grand. Il existe deux principales histoires derrière le nom de cette zone : l’une des histoires dit qu’il y avait un dirigeant qui s’asseyait sous le grand arbre de sycomore jusqu’à ce qu’il ordonne un jour de le couper pour l’utiliser comme bois de chauffage. La seconde histoire, probablement plus exacte, est qu’un des « abadayet » les plus célèbres de Gemmayze, un homme nommé Al-osta Baz, s’asseyait sous l’arbre de sycomore. Un jour, il a été approché par quelqu’un de la famille Samadi qui lui a proposé d’ouvrir un café ici. Baz a accepté et lui a dit : la parole d’un homme est son engagement, et donc l’Ahwet al-Gemmayze a été établi.
Revenons en 1845 lorsque le chemin de fer Beyrouth-Damas a été inauguré, passant par Gemmayze et ayant un impact significatif sur le développement de la région. S’ajoutant à cette infrastructure, un tramway qui passait également par Gemmayze, établissant la région comme une route clé pour ceux qui voyageaient vers le nord. Ces facteurs combinés ont entraîné une période de prospérité pour la région, et cette prospérité a été notablement reflétée dans la vie des résidents de Gemmayze. En conséquence, beaucoup de personnes de la région ont connu une nouvelle richesse, les incitant à déménager à Achrafieh et à construire leurs maisons là-bas, tout en louant leurs maisons de Gemmayze à ceux qui étaient déplacés des montagnes.
La rue Gemmayze est l’une des plus longues de Beyrouth, mais en fait, il n’y a pas vraiment ‘le quartier de Gemmayze’, c’est en réalité une combinaison de quatre zones: le Port, Saifi, Rmeil et Mdawar. La première chose qui vient à l’esprit lorsque vous dites Gemmayze sont sans doute les Escaliers de Gemmayze (Escaliers St. Nicolas), mais Gemmayze est connu pour bien plus que les escaliers seulement. Les écoles comme la Saint Famille, les Freres et l’Ecole des Trois Docteurs sont des incontournables. En termes d’arts et de culture, le premier théâtre de l’Est, le Théâtre Maroun Naccache, a été établi à Gemmayze, il y a le Racing Club à Gemmayze, et le premier club de natation olympique du Liban ? Aussi à Gemmayze.
En parlant des Escaliers Saint Nicolas, on raconte que pendant la Première Guerre mondiale, les résidents grimpaient jusqu’au sommet de Saint Nicolas pour voir quand Jamal Pasha était en route. C’était à l’époque où il vivait dans le palais de Linda Sursock à Gemmayzeh.
Il y avait des tapissiers à perte de vue, des tailleurs de pierre fabriquant des mortiers, et des charbonniers. Notamment, Gemmayze était réputé pour ses usines de savon et la production de chocolat de haute qualité, qui était fourni au Palais présidentiel durant le règne de Bechara Khoury. C’est un fait connu que la plupart des propriétés à Gemmayze étaient détenues par Lady Cochran, alias Yvonne Sursock. Le quartier avait des résidents célèbres, notamment Edmond Zeeni, Rafic Hobeika, Samira Toufic, Sami Khayat… En fait, les habitants de Gemmayze se considèrent toujours comme une grande famille.
Chaque fois que quelqu’un décédait, il recueillait le corps le soir, pratiquait la dissection le lendemain matin, puis retournait et enterrait les restes. Un jour, il a suivi la routine habituelle : emmener un corps à l’Université pour la dissection et attendre dehors jusqu’à ce qu’ils aient terminé. Inattendu, un étudiant s’approcha de lui et dit, ‘, Qu’avez-vous apporté? L’homme que vous avez amené est vivant, pas mort.’ Pendant ce temps, la famille du prétendu défunt pleurait à la maison, tous ses proches submergés par la tristesse et le chagrin. Ils ont immédiatement ramené l’homme dans la voiture, et notre protagoniste les a accompagnés. Malgré les funérailles en cours, il est entré et a demandé, ‘Combien me paieriez-vous si je ramène untel à la vie?’ On dit qu’il a réussi à empocher cinq livres lors de l’épreuve.
Et nous mentionnons avec regret qu’un des pires criminels de l’histoire du Liban, le tueur en série Victor Awad vendait autrefois du charbon à Gemmayze.
Sharing these stories would not have been possible without the work of following historians and researchers. If not for them and many others, Beirut’s heritage and history would have been lost. A special thanks goes out to:
Louis Cheikho – Taha Al Wali – Nina Jedejian – Hassan Hallak – Suheil Mneimneh – Abdul Lateef Fakhoury – Ziad Itani – Beirut Heritage Society – Ya Beyrouth Page